Mise à jour: Une carte détaillée de la rivière.
13/6/2014 mise à jour de la carte.
Descente en solo de la rivière l'Armançon dans sa partie icaunaise (l'Yonne). De Nuits à Migennes, 5 jours de randonnée en autonomie presque complète.
catégories |
I(2) |
Parcours |
Nuits s/Armançon - Migennes |
Distance |
100kms |
Canoë |
Gumotex Baraka |

La rando canoë devait se faire sur la Vienne, mais les coéquipiers font défaut: l'un est en convalescence et l'autre a peur d'y aller tout seul… Qu'a cela ne tienne, je me ferais l'intégrale icaunaise de l'Armançon en solo et cette rando sera 100% verte: Pas de voiture pour rejoindre le départ ou faire le retour.
Jour 1: Nuits-Argentenay.
Et là, je vous entends déjà : " Mais s'il part de Nuits ce n'est pas l'intégrale Icaunaise!" (Ndla: L'Armançon commence son périple dans l'Yonne au village d'Aisy qui se trouve 10Km en amont.) Mais ces 10km je les ai déjà tellement parcourus dans tous les sens et à toutes les saisons que là je décide de les zapper, de plus j'aurais eu besoin d'un véhicule pour m'y rendre et je perdais mon précieux label 100%vert.
Dix heures du matin, entre deux averses, je pars d'un champ au bout du village. Mon pote fait une dernière photo et je m'enfonce dans les ténèbres vertes de la rivière. J'ai une autonomie de cinq jours en eau et nourriture et je pars sans caméra ni appareil photo. Le chargement du canoë est parfaitement équilibré et je file à vive allure. Le débit de la rivière est de 4M3/sec et il va monter toute la journée jusqu'à 10m3/sec grâce aux averses, du coup je décide de franchir le plus de barrages possible sans mettre pied à terre. A Fulvy c'est chose aisée car le clapet est bas et le rappel est assez faible si on longe le mur de droite (attention cet endroit est TRES DANGEREUX si on ne connait pas). S'en suit celui de Cusy qui détourne tout une partie de la rivière pour "la déco" du château d'Ancy (Shame on YOU!) En temps normal en aval de ce point il n'y a plus qu'un mince filet d'eau qui ne permet plus de naviguer, heureusement les nombreuses pluies de cette année (exceptionnelle pour le canoë kayak) font que je franchis ce kilomètre sans trop de galère. Après la plage du village commence un long planiol qui ne prend fin qu'au barrage d'Argenteuil. 300 mètres avant j'aperçois une chaise de jardin accrochée dans un arbre, les rebus de la dernière crue du mois de Mai, comme j'arrive bientôt au lieu de ma pause déjeuner, je l'embarque avec moi. Au barrage, l'unique vanne est grande ouverte et après avoir déposé ma chaise en bas de l'ouvrage et vérifié que je ne vais pas me cogner la tête je m'engouffre à l'intérieur pour ressortir 10 mètres plus loin dans un joli train de vagues (Je précise qu'il est DANGEREUX de faire ceci sans connaitre parfaitement un barrage et l'avoir pratiqué par hautes eaux, basses eaux, à pied, à la nage et en canoë-kayak) Une fois la chaise récupérée me voici en trois coups de pagaie devant le pont que j'attendais: trois arches dont une au sec sous laquelle je vais pouvoir rester le temps du repas, les averses se succèdent les unes derrière les autres alors une dry place et une chaise: c'est deluxe. L'après midi se poursuit en longeant les belles plages sauvages vers Pacy et en maudissant l'usine de Frangey: Lafarge qui pollue tous les poumons de cette région, il est grand temps qu'ils se cassent! Cerise sur le gâteau: les pollueurs s'octroient toute l'eau du barrage pour leur électricité, du coup le franchissement se fait à pied. A Lézinnes je suis surpris de voir autant de gens faire du camping si près de cette usine, en même temps je vois mal le camping et la mairie communiquer sur le fait qu'il soit néfaste pour votre santé de vivre ici (Capitalism I love you so!!) Fort de cette réflexion je pagaie encore 5 Km avant d'installer le bivouac.

Jour 2 Argentenay-Tronchoy
La pluie s'est arrêtée depuis 18h hier soir, ce matin il y a encore quelques nuages mais rien de menaçant. En 15mn je suis sur le barrage d'Argentenay, à partir d'ici la nature est magnifique et la rivière est suffisamment puissante pour avoir des sensations de vitesse. Voici le pont coloré de St Vinnemer, en rive droite une grande bâtisse me rappelle quelques souvenirs, j'ai dû vivre ici dans une vie antérieure… 1Km en aval c'est le moulin, des travaux ont été faits sur l'arrière du moulin et un mur en pierre de taille longe la rive. La rivière serpente dans un joli cadre jusqu'au pont de Tanlay, et à partir de là ça se gâte: plus de courant, des moustiques et des berges en partie recouvertes de blocs de pierres. C'est long mais ce n'est pas la pire épreuve: le barrage électrique de Commissey vous attend… Grosse galère et 20 minutes pour faire glisser le canoë au pied de l'ouvrage. Ici commence pas loin de 10Km de méandres sans barrages ni traces de civilisation. Des saules, des vaches, des plages de galets et des hérons rythment les coups de pagaie. Au pont de la nationale de Tonnerre je me dit que je vais enfin voir cette fameuse cascade, cent mètres plus loin je glousse, c'est un simple déversoir comme on en trouve dans tous les villages riverains. Je suis agréablement surpris par la traversée de Tonnerre, je m'attendais à pire et c'est en fait assez sympa de redécouvrir une ville du point de vue de la rivière. A la sortie de la ville une équipe de débardeurs nettoient un aplomb de voie de chemin de fer, ne voyant aucune branche au sol je m'inquiète: " Rassurez-moi, vous n'avez pas tout jeté dans la rivière?" La responsable me répond qu'ils travaillent avec une barque motorisée pour évacuer les branchages. Cette nouvelle me ravit, plus personne n'utilise l'Armançon de nos jours. Plus loin une deuxième équipe décharge la fameuse barque. A Danemoine je contemple une cabane suspendue dans un arbre, son accès se fait par des filins tendus au dessus d'un bras de rivière. Non loin de là je ramasse deux ballons de foot. Le pont suivant possède un capteur automatique du niveau d'eau, j'en déduis que je suis à Tronchoy et je décide de m'arrêter sur la prochaine plage déserte. Une heure plus tard mon pote Kénos arrive avec deux bières fraîches à la main, j'offre les deux ballons de foot à Dali : son fidèle compagnon à quatre pattes et nous trinquons au coin du feu face au méandre de l'Armançon.
Jour 3 Tronchoy-Cheu.
Réveil avec le soleil, un pêcheur traverse la rivière, peut être un sauvetage en perspective? J'ai ma corde de sécu à portée de main! Je n'en ferais pas usage, il vient de rejoindre la rive opposée. Je franchis le déversoir de l'ancienne usine près de Charrey. Puis vient une longue série de méandres au milieux des vaches et des chevaux avant le barrage du Moulin St Benoît, je ne m'attarde pas trop: les moustiques semblent voraces par ici. En début d'après-midi je croise un kayak ainsi qu'un couple en canoë. Le brouhaha du déversoir nous impose une brève communication par gestes. Tout au long de mon périple je constate les dégâts de la tempête de la fin Juin (Celle qui à arraché quelques toits du côté de Châtillon-sur-Seine): des dizaines d'arbres gisent au milieu de l'eau, par chance la rivière est suffisamment large pour toujours laisser un passage navigable. Le soleil est encore bien haut dans le ciel quand je décide de stopper sur une superbe plage orientée plein ouest face à une falaise d'argile de plus de trois mètres de haut. Dans mon dos un immense plan d'eau entouré d'orties et de ronce empêche tout accès autrement que par bateau, un endroit peinard quoi! Bronzing, trempette et nettoyage du Baraka avant d'installer le bivouac. Au dessus de la falaise, au loin, une série de planeurs décollent à intervalles irréguliers et tournoient dans le ciel. C'est l'aérodrome de Cheu et cela me fait penser aux photos de Baloo, un pote qui fait parfois de la chute libre depuis cette piste.

Jour 4 Cheu-Cheny.
Après avoir quitté la plage j'entends des bruits étranges dans le ciel, c' est le son des parachutes qui s'ouvrent au dessus de moi. une nuée de petits parachutistes multicolores planent dans le ciel. Je franchis un magnifique rapide mais je ne me souviens plus vraiment s'il était avant Germigny ou avant St Florentin. Au déversoir de Germigny je croise les premiers baigneurs, nous sommes samedi et les plages se remplissent sous l'effet de la chaleur. Au camping de St Flo, qui borde la rivière, je m'octroie un petit café et en profite pour refaire un plein d'eau potable. Je quitte la ville et après une poignée de kilomètres je tombe sur un panneau au beau milieu de nulle part qui m'annonce qu'au-delà de cette limite la navigation est interdite! Haha la bonne blague, de toute façon il n'y a aucune route ou chemin qui pourrait permettre une alternative à la navigation et vu le poids de mon chargement... Je débouche sur un plan d'eau (avec trois mouettes et un héron) entouré de cabanes d'observation. Je ne m'attarde pas. A force de repousser l'heure du lunch je finis par avoir tellement faim que je manque un peu de force au moment d'arriver au déversoir de l'usine électrique de la Caillotte et là je cumule les conneries: en descendant le canoë à la corde j'oublie de refermer le système d'auto-vidange qui du coup devient auto-remplissage et alourdit tellement le canoë que je suis obligé de lâcher la corde et l'embarcation file se glisser entre le pied du barrage et les nombreux blocs rocheux qui jalonnent l'ouvrage. le Gumotex se remplit entièrement. Voilà, j'ai l'air con, il pèse une tonne. Je réussis à le basculer pour le vider un peu mais avec le poid des bagages le canoë se met en chandelle… Gros soupir. Me voila les bras sous la chute d'eau en train de chercher les sangles et mousquetons pour décharger les sacs et les bidons. Le cubi d'eau m'échappe des mains et plonge instantanément au fond des remous! Eh oui !... j'avais pris soin de vider tout l'air pour gagner un peu de place. Un quart d'heure plus tard j'ai tout récupéré et je m'arrête sur la première plage pour enfin manger. En repartant je choisis un bras d'eau moins important: mauvais choix, le courant disparait après quelques mètres et il fait une chaleur de plomb. Le planiol s'éternise jusqu'au barrage de Brienon et là un miracle se produit … Je calcule rapidement que je ne pourrais pas m'arrêter sur la droite du barrage et, sur la gauche j'aperçois au dernier moment un pécheur, je décide donc de stopper 30 mètres en amont. Grand bien m'en fasse, je ne le sais pas encore mais le barrage vient de casser à l'instant. Ce que je crois être une vanne ouverte est en fait une brèche. Je m'approche pour faire une reco. et je tombe sur le pêcheur affolé :" je pêchais au pied quand c'est arrivé, j'aurais pu être emporté!" Nous assistons médusés au spectacle: d'un coté le niveau baisse à vue d'oeil et de l'autre c'est un magma de vagues boueuses et de plus en plus grosses. En moins de cinq minutes le débit passe de 18M3/s à 38M3/s. Le pécheur m'aide à porter jusqu'à un endroit plus propice pour un départ dans le courant. Youpi, je file à nouveau vers de nouvelles aventures, au passage je réveille un couple endormi au raz de l'eau qui n'a pas vu l'eau monter. Une de leurs Croks flotte devant eux. Lors d'un arrêt imprévu je découvre des sources pétrifiantes dans un cadre forestier de toute beauté. Au village de Cheny je m'arrête sur la dernière île pour la nuit, non loin de là des jeunes font un barbecue, après mon repas j'irais tailler la discussion avec eux. Vers minuit après deux ou trois bières je les aide à retraverser à la lueur de la frontale.
jour 5 Cheny-Migennes-Nuits.
C'est ma dernière matinée sur l'Armançon alors j'en profite et je traîne devant mon café à l'ombre des saules. Un Canoë remonte le cours de la rivière, je me dis qu'il y a des courageux. Vingt minutes plus tard, repassant dans l'autre sens, il me confie que c'est tout de même plus simple en suivant le courant. Un dernier (double)pont de chemin de fer et c'est la fin de l'Armançon, à ma gauche voici l'Yonne et ses eaux marron qui refusent de se mélanger à l'eau verte de l'Armançon, du moins pendant un centaine de mètres. Je navigue sur l'Yonne pendant un petit kilomètre avant de m'engouffrer dans l'embouchure du canal de Bourgogne et là je guette le premier plaisancier qui va vouloir passer l'écluse. C'est un Anglais sympathique qui accepte volontiers que je monte à bord de sa pénichette avec mon Gumo en bout de corde de Sécu. L'éclusage se fait sans problèmes et 300 mètres plus loin j'accoste au pied de la passerelle de la gare. Dégonflage du canoë, rangement des affaires et je pars en quête d'un billet SNCF avec mon canoë sous le bras. Trois quarts d'heure plus tard je suis de retour au point de départ. Et vous vous demandez encore si un gonflable c'est bien? Non, c'est génial!!

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